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VOYAGE D’UNE FEMME

de cette fourrure varie du gris clair au roux pâle. À Karesuando, je dis adieu aux rennes ; je savais que je n’en verrais plus au delà de ce village, où nous devions quitter la route de terre pour descendre les fleuves. À Karesuando, nous nous séparâmes de nos guides et de nos chevaux ; les uns et les autres devaient refaire le pénible trajet que nous venions d’achever, pour retourner chez eux, en Finmark. Tous nos gens s’étaient parfaitement conduits ; nous ajoutâmes donc quelques species au prix de cent francs par cheval, qui avait été fixé à Kaafiord. Les hommes n’avaient pas été très-malheureux ; nous leur avions souvent fait partager nos provisions, et cette réserve de biscuit mouillé et de graisse rance que je trouvais si repoussante leur faisait, à eux, des repas excellents. Les chevaux avaient eu plus à souffrir ; les premiers jours, ils trouvaient à peine quelques broussailles sur le sol détrempé, et deux fois nous fûmes même obligés de leur faire donner du biscuit, le lieu de notre campement étant aride au point de ne pas produire un brin d’herbe. Quoi qu’il en soit, tout le monde était bien portant à notre arrivée à Karesuando, et nos guides se réjouissaient de la venue de la neige, qui leur présageait pour le retour un voyage moins pénible.

Les guides devaient se reposer huit jours à Karesuando. Nous avions l’intention de faire comme eux ; mais la crainte de voir le Muonio charrier de la glace nous engagea à partir sans délai. Je fis rapidement une tournée d’observateur à travers la ville : j’entrai dans les maisons, et les trouvai absolument semblables à celles de Kautokeino. Je visitai l’église,