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AU SPITZBERG.

renne et l’excite à courir ; de plus, ces clochettes aident les Lapons à se retrouver pendant l’obscurité des jours d’hiver. Pour être à peu près docile, le renne doit être dressé fort jeune, et encore arrive-t-il souvent qu’il refuse de marcher quand on l’attelle. Alors il se met en colère, se retourne contre le traîneau, le frappe avec ses pieds de devant et peut porter ainsi au voyageur des coups fort dangereux. La rapidité du renne est sans pareille ; on peut se figurer de quel train court un cerf excité, ayant derrière lui une charge très légère relativement à sa force. S’il est sauvage et indépendant, il est aussi robuste et sobre ; il se nourrit de cette petite mousse qui tapisse les plaines de Laponie. Lorsque la neige couvre la terre, il sait fort bien creuser des trous avec ses pieds, afin de découvrir sa nourriture. Ce précieux lichen rangiferinus a le goût fade, légèrement sucré, présentant une analogie avec celui de la guimauve, dont il doit avoir les propriétés adoucissantes. Je ne sais si, dans ma description des rennes, je vous ai parlé de leur fourrure ; leur poil est le plus gros qu’on puisse voir ; il est très-cassant, extraordinairement épais, et tient fort peu sur l’animal ; si on en prend une pincée, il vient à la main. Lorsque l’animal est tué, c’est bien pis : le poil se détache de la peau dès qu’on la secoue ; sans ce défaut absolument capital, la peau de renne ferait de chauds et excellents tapis, car la fourrure du renne a souvent trois pouces d’épaisseur, et les poils y sont serrés de façon à être tout droits les uns contre les autres. Aucun tapis de roi ne produit la sensation qu’on éprouve en posant le pied sur une peau de renne. La nuance