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AU SPITZBERG.

de son absence ; nous tenions beaucoup à ce chien et nous étions résolus à tout tenter pour le recouvrer. Remonter le fleuve encore tout ému du saut qu’il venait de faire, c’était tout à fait impossible ; on prit le parti d’aborder, et l’un des bateaux tenta de tourner l’île par l’autre bras du fleuve. Je restai à la pointe méridionale de l’île, et, après avoir traversé une longue prairie récemment fauchée, j’eus la satisfaction d’apercevoir une métairie dans le lointain ; je me dirigeai aussitôt vers elle, comptant y demander l’hospitalité pour quelques heures. Je traversai une grande cour entourée de haies et pittoresquement encombrée de herses, de charrues et de ces grands triangles faits de trois planches, qui servent en Suède et en Norwège à tracer des chemins dans la neige[1]. Sur le seuil de la maison, je fus accueillie par une vieille femme sèche et droite, qui, après avoir écouté le récit fait par mon domestique, me fit entrer de bonne grâce et m’offrit une tasse de lait et un escabeau sous le manteau de la grande cheminée ; j’acceptai l’un et l’autre.

La pièce où je me trouvais était vaste et propre ; les dalles de pierre étaient bien balayées, les murs soigneusement blanchis à la chaux jusqu’à hauteur d’homme ; point plafonnée, car on voyait au-dessus de soi les entre-croisements des poutres de la toiture ; quelques gros écheveaux de chanvre pendaient aux solives, et sur des planches étaient posés des vases de bouleau et quelques-unes de ces jattes de bois

  1. On attelle un cheval au sommet d’un des angles du triangle et, à mesure qu’il avance, les planches posées verticalement refoulent la neige de chaque côté de la route.