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VOYAGE D’UNE FEMME


Son amant l’écoute et sourit.
Puis, saisissant celle qu’il aime,
Il s’élance : et le flot s’ouvrit
Sous eux à ce moment suprême !…
Sur le lac on entend souvent
Se plaindre des voix oppressées,
Se mêlant aux soupirs du vent.
Les roses sont sitôt passées !


Cet essai, quoique incomplet, peut néanmoins vous donner une idée assez juste de cette poésie finlandaise, pâle, douce et mélancolique comme le pays qui l’a vue naître.

La Finlande accepta facilement le luthéranisme imposé par la domination suédoise ; aujourd’hui elle est complétement luthérienne, et peu de familles ont embrassé la religion grecque dans les provinces soumises à la Russie depuis 1808.

Les Finnois ont toujours été pacifiques ; ils l’ont prouvé en se laissant conquérir par les Suédois et en résistant peu aux Russes, envers lesquels aucune tentative de révolte n’a eu lieu depuis près de quarante ans, quoique le régime russe leur soit peu sympathique. Sans être belliqueux, ils sont courageux et opposent la persévérance et la résignation aux maux de la vie ; ils sont loyaux, paisibles et mélancoliques, reconnaissants jusqu’au plus absolu dévouement, et par conséquent vindicatifs au point de ne jamais oublier une offense. C’est un peuple, vous le voyez, chez lequel on trouve des éléments nobles et intelligents ; l’âpreté de leur climat, qui les prive du contact civilisateur des autres peuples, empêche seul, sans doute, le développement de toutes leurs facultés. Ils sont généralement laboureurs et pêcheurs ; peu