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VOYAGE D’UNE FEMME

mes regards de convoitise pour ses pommes, m’en offrit deux ; je les mangeai avec délices. En France, je n’aime pas les pommes ; mais, en Suède, en revenant du pôle arctique, c’était bien différent.

Je rentrai à l’hôtel sans trop de gêne, à cause d’une pluie, protectrice des Espagnoles, qui vint à tomber. Si mal que j’aie vu Sundswall, je vais vous la décrire. La ville, construite aux bords de la mer, entre deux rivières, est extrêmement humide ; il y pleut, m’a-t-on dit, tout le temps où il ne gèle pas : elle a, vous le voyez, un fort vilain climat. À cause de ce climat, peut-être, on n’y voit pas une seule promenade ; les habitants pensent que, dans un tel pays, le mieux est de ne pas sortir de chez soi. Leurs habitations, hautes et mal bâties, placées dans des rues étroites, presque toujours comblées de boue noire, sont affreuses au dehors, assez confortables à l’intérieur. Sundswall a de fréquentes communications avec Stockhlom et Abo en Russie. Sundswall est situé en face d’Abo, sur la rive ouest du golfe de Bothnie ; le bateau arrive tout l’été chargé de denrées de toutes natures, d’étoffes, de meubles, etc.

Sundswal est une ville de bois, c’est tout dire, il n’y a rien à chercher là, ni pour l’artiste ni pour l’antiquaire : le promeneur y trouve un pavé de cailloutis, détestable pour les pieds et pour les voitures, et il n’y a rien autre à regarder qu’une grande église et un hôtel de ville construits en bois comme la ville. Ces constructions de bois sont sans doute commodes et appropriées au climat, mais en vérité elles sont bien laides à voir, surtout dans les villes : une chaumière, un moulin de bois peuvent être jolis ;