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AU SPITZBERG.

lueurs éclatantes toutes ces sombres voûtes qui s’entre-croisaient ; puis il allait s’éteindre avec bruit dans l’eau plate et noire, et, lorsque la dernière flamme était éteinte, le silence des souterrains me semblait plus profond et ses ténèbres plus épaisses. Nous descendîmes à plus de trois cents pieds sous terre ; là, la route prend un autre aspect, celui d’une poutre traversée de branches de fer comme un perchoir de perroquet, et elle disparaît, sous cette forme, dans les entrailles de la mine. Je m’arrêtai là, pensant en avoir assez vu, et, après m’être reposée un moment sur un bloc de pierre, j’entrepris de remonter au jour, Cette dernière partie de mon expédition ne fut pas la plus facile, et je souffris beaucoup de la boue glissante, de la vapeur empestée et des gouttes glacées ; en faisant cette ascension, ma fatigue s’augmentait, n’étant plus soutenue par ma curiosité. Je mis près de deux heures à venir retrouver l’air pur. J’arrivai enfin, je revis le ciel, la nature, les arbres, la lumière et la sauvage vallée de Fahlun, sa ville triste, laide, enfumée ; tout cela me parut un paradis, comparé à ce dédale de ténèbres d’où je sortais.

En jetant un dernier regard à ces gouffres malsains et horribles des mines, je me demandais avec stupeur comment il était possible qu’il y eût des mineurs. Oui, il y en a, et des milliers ; des milliers d’existences s’écoulent dans ces enfers humides. Si l’on nous disait : En Chine, des multitudes d’hommes passent leur vie entière dans les profondeurs de la terre, au milieu d’une obscurité complète et de vapeurs suffocantes ; ils sont soumis à un travail dangereux et fatigant qui abrège leur existence ; ils le