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VOYAGE D’UNE FEMME

à cent cinquante ou deux cents pieds sous terre, on est fort incommodé par une vapeur épaisse d’exhalaisons sulfureuses ; dans les rares moments où l’on peut distinguer les objets, les parois des galeries brillent par places comme des murailles féeriques ; les filons de cuivre mêlés de fer, d’argent, d’or, de cobalt, de pyrite d’arsenic (qui dans le commerce de bijoux prend le nom de marcassite), ont donné au minerai des teintes violacées, irisées, bronzées, chatoyantes, du plus superbe effet ; de temps en temps, un morceau de grenat ou de cristal de roche étincelle sous un rayon de lumière.

Vers le milieu de la mine, on a creusé un puits d’une immense profondeur et d’un diamètre de dix à douze pieds ; il reçoit les eaux des galeries de tous les étages, qui viennent y aboutir à cet effet ; il ressemble ainsi au tronc d’un arbre immense, dont ces salles, ces galeries et ces rues seraient les rameaux. Des fenêtres en voutes s’ouvrent sur ce puits à tous les étages, et permettent aux mineurs d’y venir puiser, s’ils ont besoin d’eau, sans faire un trajet fatigant. Lorsque nous fumes à une des fenêtres de l’étage inférieur, deux mineurs, placés à l’orifice du puits, y jetèrent d’énormes brassées de sapin enflammé ; les bûchettes, en s’éparpillant, lançaient de vives clartés, et, à mesure qu’elles passaient devant les grandes fenêtres, elles éclairaient les profondeurs mystérieuses des galeries. On avait alors, pendant quelques secondes, un coup d’œil fantastique et admirable ; le tourbillon de feu descendait en pétillant, faisant briller chaque goutte d’eau des murailles comme un diamant, et remplissant de