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LETTRE II

CHRISTIANIA


Me voici en Norvége. Enfin ! J’ai fait un chemin énorme depuis ma première lettre. J’ai dévoré près de trois cents lieues, deux mers : la mer du Nord et la Baltique ; un détroit : le Sund ; une ville libre : Hambourg ; une capitale : Copenhague, et un fort grand morceau de mon troisième royaume, sans compter une respectable quantité de petites villes dont l’orthographe, hérissée de consonnes, pourrait vous effrayer. J’ai traversé tout cela si rapidement, que j’ai été contrainte de négliger beaucoup de choses intéressantes dont j’aurais aimé à vous parler. Contentez-vous donc, pour cette fois, d’un aperçu très-superficiel.

Après deux jours et trois nuits d’une traversée monotone faite au milieu d’un nuage de brouillards, un matin nous entrâmes dans l’Elbe, et, peu après, je vis apparaître les toits pressés de Hambourg. Je sais qu’il existe un vieux Hambourg où l’on trouve encore des maisons du douzième siècle, où se rencontrent des entourages de fenêtres et de portes sculptés à jour comme des ivoires chinois. Ce Hambourg-là, je ne l’ai pas vu : j’étais logée dans les quartiers neufs, sur une charmante promenade près du bassin de l’Alster, nommée le Yungfurstieg.