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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

déchiquetées et dangereuses du Jutland, établit la première fonderie de canons qu’ait eue le Danemark, éleva des manufactures de soieries et de draps pour tout le royaume. Moraliste prévoyant, il expulsa les jésuites du Danemark ; savant éclairé, il fut, comme son père Frédéric II, le protecteur de Ticho-Brahé, l’illustre astronome à qui l’on doit la découverte de la planète Mercure. Malheureusement pour Christian IV, à l’époque où il savait si bien régner, les regards de l’Europe étaient absorbés par Richelieu, et, lorsqu’il mourut, ils allaient être éblouis par Louis XIV : car tout ceci se passait entre 1613 et 1648.

Rosenbourg est un des nombreux châteaux édifiés par la main active de ce grand fondateur. Ce petit château est une des plus charmantes fantaisies du royal architecte ; il l’a fait construire avec les proportions fines et élégantes des monuments de la fin du seizième siècle ; c’est un joyau taillé dans le grain rouge et serré des briques du Danemark.

Rosenbourg a cessé d’être habité : on en a fait le trésor historique des rois danois ; il renferme tous les objets précieux dont ils se sont servis. Il faudrait traduire le catalogue de toutes ces richesses pour en donner une juste idée. On voit là des chambres pleines de rubis, de diamants, d’émeraudes, de perles fines, de topazes, de saphirs, en telle quantité qu’on est tenté de ne plus appeler ces pierres-là précieuses, parce qu’on ne les croit plus rares. Christian IV, qui n’oubliait rien, pas même d’être magnifique, avait une selle de cinquante mille louis. Je l’ai vue. Elle est faite d’un velours noir, épais