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AU SPITZBERG.

un caractère étranger aux rues que nous traversions : c’était de voir les fenêtres des maisons ouvrant sur la rue au lieu de s’ouvrir à l’intérieur, et la singulière manière dont les femmes du peuple portent leurs fardeaux. En France, elles se servent de la hideuse hotte qui les courbe, les déforme et fait ressembler toute femme à quelque monstrueux limaçon portant sa coquille ; en Italie, en Espagne, en Afrique et dans tous les pays méridionaux, elles posent la charge sur la tête et marchent légères, droites et fières, dans l’attitude noble des belles filles des rois pasteurs. Dans le Nord et à Gothembourg particulièrement, elles ont une autre méthode : elles placent sur une de leurs épaules un long et fort bâton portant une corde à chaque bout : à cette corde elles attachent tout ce qu’elles veulent transporter, même des objets fort pesants. Les Suédoises se servent de cet instrument très adroitement, et le changent d’épaule avec une agilité qui n’est pas sans grâce.

À quelques lieues au-dessus de Gothembourg, le pays se modifie ; les champs cultivés se font plus rares, les espaces de forts plus fréquents. La nature devient plus aride et la population plus pauvre. On sent le voisinage de la Norwége ; à chaque couchée on trouve le gîte moins bon.

J’ai oublié de vous dire que, de même qu’il n’y a pas de postes, il n’y a pas d’auberges. On loge chez les paysans. Chaque famille aisée à une chambre d’honneur destinée aux voyageurs ; on rencontre ainsi des logis moins désagréables qu’on ne le croirait d’abord. On vous donne une chambre boisée, meu-