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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

blée d’une lit de bois peint en bleu ciel. Le fond du lit est en planches ; on a pour matelas de l’édredon, pour oreiller de l’édredon, toujours, de l’édredon, ce qui ne le rend pas meilleur. Outre le lit, on jouit d’une table et de quelques siéges de bois. Le plancher, bien lavé, est recouvert d’une légère couche de sable jaune ; et quelquefois des feuilles de plantes aromatiques, telles que l’angélique ou la menthe, ajoutent l’élégance de leur parfum à du linge beau et blanc. Presque partout en Suède on rencontre ce vrai luxe ignoré de plus d’un somptueux hôtel : une extrême propreté.

La Norwége est séparée de la Suède, entre Gothembourg et Christiania, par une rivière, le Swiftson ; on la passe dans un bac, et, très-peu après, on rencontre les premières croupes des Dofrines. À chaque instant le point de vue change ; les collines deviennent montagnes, les ruisseaux paisibles se changent en torrents furieux, et la route s’élance au milieu des escarpements les plus invraisemblables. En Norwége on ignore l’art de tourner une montagne ; le chemin monte d’un côté et descend de l’autre ; c’est aussi simple que dangereux. Les paysans nous regardaient avec assez d’étonnement nous aventurant dans une calèche à ressorts sur des pentes si peu complaisantes. Nous lisions sur leurs physionomies la traduction de leurs exclamations de mauvais augure. Malgré les fâcheuses prédictions, nous avons gagné Christiania sans encombre, quoique ayant été sans cesse un train de prince.

On arrive à Christiania par une épouvantable côte roide comme un escalier et à peu près aussi unie ;