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LE NOUVEL ART D’AIMER
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Bref il faut commencer par croire quelque chose pour se faire le muscle et l’élan qui nous donnera le courage d’apprendre, donc de savoir quelque chose.

Invention constante du réel.

Si j’ai dit quatre lignes plus haut qu’il s’agit de se faire un bel amour — et non de le trouver, ce qui serait la pire des paresses car on ne trouve rien qui soit tout fait et bien — je voulais dire simplement : il s’agit de faire beau l’amour qui nous sera donné après quelque recherche.

J’ai connu certains de ces fous de fatuité qui cherchent un phénix. Ils le cherchent jusqu’à leur âge flétri où nulle fille bien plantée, corps et cœur, ne consentira plus à s’approcher d’eux.

Une seule chose étant sûre : notre mort progressive — pour avoir le temps de tracer de nous le signe que nous voulons en laisser — hâtons-nous vers l’amour qui nous stimulera, nous aiguillonnera et nous réchauffera jusqu’à la dernière heure.

Et si je dis : Invente, c’est que rien de la vie n’éclôt sans ce que tu y mets. Elle apporte la trame, à toi de la broder. Quand tu cherches une beauté toute faite, manquerais-tu d’amour-propre d’auteur ? Voudrais-tu qu’elle ait été faite par un autre ? Ne préfères-tu pas te reconnaître en elle par les grâces que tu ajouteras à ses charmes natifs en satisfaisant corps et âme ce bel enfant de bonne volonté qu’est la jeune Française pourvu qu’on ne l’offense pas ?

Je t’aiderai ici à ne pas l’offenser, tu seras ainsi le sculpteur de sa beauté.

C’est pourquoi le mari achevant l’épousée — et