Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
LE NOUVEL ART D’AIMER

crois innocente et qui est dramatique sitôt qu’elle empiète et devient l’idée fixe ?

— Ne partez pas en lâche, Madame. La défaitiste elle aussi est un traître. Posez vos conditions. Dites : « Si tu ne vis pas comme tu te le dois, je pars. » Au début, lui remué de fond en comble, céderait. Il sacrifierait son vice.

Un drame du mutisme.

M. Duclos, à Nice, intermédiaire, jouait au baccarat. Mais il était sauvable car il chérissait sa femme douce, dévouée, charmante.

Il fit de mauvaises affaires. Jouant et perdant il ne put payer ses échéances et s’égara. Il soigna les oiseaux avec sa femme en chantant comme chaque matin, et sitôt qu’elle fut sortie, il lui posa ce billet sur la table :

« Pardon du mal que je vais te faire. Le jeu me tient. Je suis perdu. Je veux être enterré au Lavandou. Je te chéris. »

Erreur criminelle : Il en immolait deux par son suicide : — « J’aurais travaillé pour lui avec tant de joie » me disait-elle en sanglotant.

Ainsi fut-il privé 1 — de savoir jusqu’où il était aimé ; 2 — de faire sa preuve de courage en s’arrachant du jeu et rebâtissant sa vie à cinquante ans. Et 3 — « Ah je l’aurais aidé à remonter » dit son patron qui le regrette.

Duclos avait aussi perdu ce réconfort fraternel, bref tout le meilleur de la vie.

Tout cela pour n’avoir échangé avec la compagne