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LE NOUVEL ART D’AIMER

Si je découds les lèvres des amants, si je veux qu’entre eux l’essentiel transparaisse, c’est pour leur éviter plus tard l’horreur de vivre moralement chacun de son côté, quelquefois dans le même lit, quand les maladresses ont tué la première fougue.

Je vais pénétrer maintenant dans leur maison, dans leur journée, les prendre par la main pour les aider. On ne peut aider que par les détails.

Je les déniaiserai non de leur innocence, ce trésor, mais de leur sécheresse, cette mort, de leur raideur et de leurs préjugés.


Ce livre étant celui de l’absolu[1],
nous appelons amants ceux qui s’aiment profondément et sont unis par un lien que nuis envieux n’entameront et que la mort épanouira, l’amour étant la seule preuve de l’immortalité avancée parmi nous.

Quels amants ne l’ont pas connu à ce soulèvement qui fait qu’ils ne sentent plus le sol, comme s’ils s’enlevaient de terre dès qu’un attrait puissant se lève en eux.

La grâce ou la beauté ?

Quand l’amour doit être tout le soleil d’un temps d’épreuves, gardons-nous bien de l’appauvrir. La culture physique, une certaine hygiène ont vulgarisé, ont généralisé la beauté moyenne ; mais elles ont brusqué la grâce, elles ont attenté à la

  1. J’ai montré que l’absolu est seul vivable et respirable dans mes ouvrages précédents.