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Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/43

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AMANTS
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Tu vaux mieux que ton temps. Exprime-toi, c’est loin. Il y faut des lectures. Rends aux Lettres leur rôle celui de te former, c’est-à-dire demande-leur de t’apprendre sur la vie quelque chose, jusqu’à ta mort incluse.

L’art d’apprendre à ne pas molester un être faute d’attention en voulant le servir à la « va-vite » comme on se débarrasse[1], l’art de vivre enfin c’est-à-dire d’aimer. Que serait donc l’amour si ce n’était pas l’art de vivre ? Il dérangerait tout. Tandis que l’amour bien vécu et respecté arrange tout exactement,

tes affaires y comprises mon ami.


Et puis montons, jeunesse
de tout âge. Sortons de la politique du ventre et du cabas. Ne répétons pas tout le jour : Pas assez de pain, de calories, de sucre, pas de ris. Sans huile ni presque de beurre ni de viande, sans allumage pour le trop maigre feu, que devenir ?

Demande-nous nos trucs. Au lieu de vouloir enterrer une génération sous l’autre, emprunte-nous notre art de travailler quinze heures et sous-alimentés, tandis que nos trente ans repus n’en faisaient pas le tiers. Puisqu’on ne peut plus mijoter, chers gourmets, dans la bonne tiédeur et moiteur d’entrailles douillettes, profitons-en pour brûler d’âme pour notre race, aidons-la, secourons-la dans sa chair, dans sa beauté, dans sa valeur ; et nous serons autrement réchauffés que par la tranche de gigot qui nous

  1. On ne peut servir qu’en écoutant pieusement.