aimé Pétrarque ; mais elle se plaisait à longer avec lui la Sorgue[1] entraînant l’idolâtrie du poète dans les voiles de son hennin perlé.
Elle lui dit dans Les Églogues de Pétrarque :
« Parlez-moi, mais souvenez-vous de mettre un frein à vos mains avides. »
J’appelle donc amour le sentiment de Pétrarque parce qu’il a tenté la consécration physique et porté des mains dûment énervées sur la manche de Laure, puisqu’elle dut lui faire cette réponse confirmée dans Le Secret de Pétrarque.
(Laure y est son laurier car elle l’a fait travailler.)
— Mais encore, dit-elle, quel espoir suprême nourrit votre amour ?
— Pétrarque (il s’intitule Stupée) : « Stupée, berger pauvre sera riche si ses vers vous paraissent beaux. »
— Laure : « Donnez-moi le rameau que la reine de Castalie vous a confié. » Elle le prend et le lui tendant :
« Gardez ce présent d’elle qui est en même temps le mien, laissez les autres soucis et soyez désormais à nous. »
Fait-elle assez bon marché de la jeunesse niée de son adorateur ?
Mais quelle forte raison elle a d’être odieusement femme de lettres, de veiller sur elle et sur son renom d’abord puisque Stupée s’écrie :
— « Maintenant je suis heureux de mes veilles. Il m’est doux de me rappeler mes travaux. »
- ↑ J’ai vu la maison de Pétrarque à droite, au bas de la Sorgue où il promenait Laure, et le laurier qu’il planta pour figurer sa dame.