Page:Aurel - Les Jeux de la flamme.djvu/20

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Femme de transition aussi, encore incommodée par son indépendance, effarée de ce qu’elle peut.

Ce livre fut écrit dans l’ardeur d’être vraie. J’aurais voulu être toute sincère. Je l’ai tenté jusqu’au malaise, mais je n’espère pas y être parvenue puisqu’il m’est resté de la vie.

J’ai pu donner de ma franchise ; cela ne m’a pas éclairée. Il faudrait livrer son dernier soupir pour ne pas garder de mystère.

Je n’ai donc pas cultivé la clarté, ou plutôt l’explication ; n’y prenant pas l’élan que je trouve à troubler, je n’ai pas cru à la clarté, ou je l’ai crue du moins la plus courte des qualités. J’ai vu que le mouvement le plus simple venait de causes si mêlées, qu’en préciser n’était que fantaisie. L’évidence n’est que ténèbres.

Par une sorte d’autre réserve à l’envers, je n’ai pas non plus été seulement sincère. Je crois que le livre des femmes vraies serait parfois trop blanc pour qu’on y voie.

Pour m’être morfondue à des livres sans voiles, j’ai trouvé le mystère et la ferveur plus gais.

Et quoique la beauté me tente, j’ai regardé la grâce avec plus de respect. Elle seule, de notre temps, n’est pas lugubrement banale et garde un infini de sensations nouvelles, de surprises avivantes.