Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome I, 1842.djvu/17

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Ausone a chanté les vertus[1], est le même que celui qui fut préfet de Rome en 380[2]. Thalassius, après avoir été proconsul en 378, obtint encore quelque autre dignité depuis le consulat d’Ausone[3] : le jeune Ausonius, dont le poëte, en ses dernières années, vit fleurir l’adolescence[4], fut sans doute ce sénateur, fils de Thalassius, dont parle Symmaque, qui paraît lui avoir rendu un important service dans le sénat[5]. Hesperius conserva la préfecture des Gaules jusqu’en 380 ; en 384, il fut envoyé par Valentinien II de Trêves à Rome[6] pour examiner les plaintes portées contre Symmaque, alors préfet de cette ville[7], qui le qualifie de vir clarissimus et illustris, comes Hesperius : il mourut vers 406. Avec lui pourtant ne s’éteignit pas toute la postérité d’Ausone. Il avait eu trois enfants : le plus jeune, Pastor, avait été tué par accident dans son enfance[8]. Des deux autres, un seul, Paulinus, survécut dans l’histoire, et celui-là devait expier cruellement la fortune rapide et la gloire de sa famille[9]. Il était né en 376 à Pella, en Macédoine. Elevé dans le luxe et les plaisirs, à trente ans il perdit son père, et il s’occupait à défendre sa mère contre les prétentions de son frère qui voulait faire casser le testament d’Hesperius, et la dépouiller de ses biens, quand les barbares envahirent la Gaule. Paulinus s’attache à Attale, qui le nomme comte des largesses privées, largesses imaginaires ; mais les Goths pillent Bordeaux et la maison du comte, qui se sauve à Bazas. Les Goths et les Alains assiégent Bazas, d’où Paulinus s’échappe encore. Il perd successivement sa belle-mère, sa mère, sa femme et deux fils : il se réfugie à Marseille, où il avait une maison ; il s’y établit, prend à ferme des terres, les cultive, relève un instant sa fortune, presque aussitôt renversée encore. Pauvre, isolé, accablé de dettes, de chagrins et d’années, il ne sait que devenir. Un champ lui reste encore, et ce champ, un Goth le convoite ; mais, au lieu de s’en emparer, il le paye, et le prix qu’il en donne, bien qu’inférieur à la valeur du champ, suf-

  1. Parent., xvi.
  2. Tillemont, Hist. des Emp., t. v, p. 187 ; Mém. Eccl., t. x, p. 320. Voir, sur cet Arborius, la note 14 de l’Idylle ii, p. 352 de notre second volume.
  3. Tillemont, Hist. des Emp., t. v, p. 188.
  4. Edyll., v.
  5. Symmaque, liv. v, lett. 58.
  6. Epist., ii.
  7. Tillemont, Hist. des Emp., t. v, p. 188 et 248 ; Symmaque, l. x, lett. 43.
  8. Parent., xi.
  9. Il a lui-même raconté ses malheurs dans un poëme fort curieux intitulé Eucharisticon. Ce poëme est précieux surtout pour les documents historiques qu’il renferme. On le trouvera dans l’Appendice. à la fin de ce volume, p. 348.