Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome I, 1842.djvu/243

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III. Antioche et Alexandrie.

Antioche, où se plaît le laurier d’Apollon, serait la troisième, si la colonie d’Alexandre acceptait la quatrième place. Mais toutes deux ont le même rang ; et dans le délire de leur ambition, toutes deux luttent de vices, bouleversées sans cesse l’une et l’autre par les désordres de la multitude, par les soulèvements d’une populace forcenée. L’une, défendue par le Nil, et reculée au loin au sein des terres, est fière de sa richesse et de sa sûreté. L’autre vante sa puissance rivale qui tient tête aux Perses infidèles. Et vous aussi marchez égales, soutenez la gloire du nom macédonien : car c’est Alexandre le Grand qui éleva l’une, et l’autre eut pour fondateur Seleucus, qui portait en naissant l’image d’une ancre sur la cuisse. Telle que l’empreinte d’un fer brûlant, cette marque resta gravée dans sa famille, et passa comme un signe naturel de sa race à toute la suite de ses descendants.


IV. Trêves.

Depuis longtemps la Gaule guerrière réclame mes chants en faveur de Treveri, la ville impériale, qui, voisine du Rhin, semble au sein d’un paix profonde et repose en sûreté, parce qu’elle nourrit, habille et arme les forces de l’empire. Ses épaisses murailles s’étendent sur le revers d’une colline. À ses pieds coule la Moselle, large et tranquille fleuve qui lui apporte les commerces lointains de toutes les contrées.


V. Milan.

À Milan, tout est merveille : abondance de biens, maisons nombreuses, élégantes, hommes distingués par le génie, l’éloquence, et la douceur de leurs mœurs. Un