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des souvenirs de lui après son mariage, mais je n’avais pas le courage de m’en séparer.

— Est-il nécessaire, Henriette, de brûler le sparadrap ? Je ne désire pas prendre la défense du vieux crayon, mais le sparadrap pourrait encore être utile !

— Je préfère me débarrasser de tout, dit Henriette, ce sont de désagréables témoins… C’est fait, grâce au ciel il ne reste plus rien de M. Elton.

— Il me reste le remords d’avoir été la cause de votre déception. Cette expérience me servira de leçon ; je me suis trompée grossièrement, je ne veux pas m’y exposer dorénavant. J’espère Henriette que vous ferez un bon mariage…

— Non, répondit Henriette, je ne me marierai jamais !

— Voici une nouvelle résolution ! Le temps sans doute vous apportera l’oubli et l’espérance. Mais je tiens à vous faire connaître, dès à présent, les limites que j’ai fixées à mon amitié : je suis résolue à n’intervenir d’aucune façon dans ces questions. Si votre cœur parle, que ce soit en secret. Tenez-vous sur vos gardes ; observez attentivement la conduite de l’homme que vous aimerez et réglez votre attitude d’agrès la sienne. Ne me faites part de vos sentiments que si vous avez de sérieuses raisons de les croire partagés.

Henriette après avoir écouté son amie avec déférence, se défendit tout d’abord de pouvoir même imaginer l’hypothèse du mariage ; cependant au bout d’une demi-heure de conversation elle avait repris confiance dans l’avenir.




XL


Le mois de juin n’apporta pas grand changement à Highbury. Les Elton continuaient à parler de la visite que devaient leur faire les Sukling et à énumérer les divers avantages du landau ; toutefois leurs parents s’attardaient à Maple Grove. D’autre part le retour des Camp-