de celui-ci. Ils marchèrent ensemble silencieusement. Il jetait de temps en temps un regard du côté de la jeune fille dont il cherchait à observer le visage. Emma trouva dans ce manège une nouvelle raison d’inquiétude ; il avait peut-être l’intention de lui parler de son attachement pour Henriette, et il attendait un mot d’encouragement. Elle ne se sentit pas la force de provoquer une confidence de ce genre. Néanmoins ne pouvant supporter un silence qui était si peu dans les habitudes de M. Knightley, après un instant d’hésitation elle dit :
— Vous allez trouver des nouvelles qui vous surprendront.
— Vraiment, reprit-il tranquillement en la dévisageant, et de quelle nature ?
— Des nouvelles couleurs de rose ; il s’agit d’un mariage.
Il reprit, après s’être assuré qu’elle ne spécifiait pas :
— S’il s’agit de Mlle Fairfax et de Frank Churchill, je suis au courant.
— Comment est-ce possible ? dit Emma en se tournant vivement vers lui les joues empourprées ; elle venait de penser : serait-il passé chez Mme Goddard avant de venir ?
— J’ai reçu ce matin une lettre de M. Weston, concernant les affaires de la paroisse ; et à la fin il me donnait un bref récit de ce qui s’était passé.
Emma respira et put ajouter avec un peu plus de calme :
— Vous avez probablement été moins surpris qu’aucun de nous ; car vous aviez des soupçons. Je me rappelle que vous avez, une fois, essayé de me mettre sur mes gardes. Je regrette de ne vous avoir pas écouté, mais, ajouta-t-elle avec un soupir : j’étais sans doute condamnée à être aveugle jusqu’au bout !
Ils restèrent silencieux l’un et l’autre pendant quelques instants et elle ne se rendit pas compte d’avoir éveillé chez lui un intérêt particulier quand, soudain, elle sentit le bras de M. Knightley passé sous le sien : en même temps ce dernier dit à voix basse, d’un ton de profonde sympathie :
— Le temps, ma chère Emma, cicatrisera