Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/151

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avait été très vif ; mais plus il l’aimait véritablement, plus il s’indigna de la faiblesse de caractère qu’elle avait montrée lors de leur séparation ; elle le rejeta, l’abandonna pour complaire à des parens tyranniques et à une amie prévenue, qui lui persuadèrent qu’elle devait agir ainsi ; elle céda à leurs avis contre le sien propre, contre la voix de l’honneur et de l’amour, puisqu’elle lui avait donné son cœur et promis sa main ; cette faiblesse ou cette timidité étaient si opposées au caractère ferme, ouvert et décidé de Frederich Wentworth, qu’il résolut de la bannir de son cœur, et il y avait réussi. Il avait le projet de se marier ; il était riche, indépendant ; il rentra au port, décidé à se fixer et à s’établir dès qu’il aurait trouvé une femme digne de son choix. Il la cherchait, et se sentait tout disposé à devenir amant et mari. Il avait un cœur à donner à l’une des miss Musgrove, si elles voulaient prendre la peine de s’en saisir, ou à tout autre jeune personne, Alice Elliot seule exceptée. Il disait à sa sœur, mistriss Sophie Croft, en réponse à ses questions et suppositions :

« Oui, je l’avoue, Sophie, je suis tout disposé à faire une folie : une femme assez jolie,