Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/250

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Henriette s’était fait conduire auprès de sa sœur ; elle tenait sa main insensible sur ses lèvres, et l’inondait de larmes de joie. Les regards de Wentworth, son émotion en s’écriant : Dieu, Dieu, grâces vous soient rendues ! furent tels qu’Alice ne put les oublier ; elle le vit ensuite près d’une table, ses bras croisés, son visage caché, comme s’il eût éprouvé des maux au-delà de ses forces, et qu’il essayât de les calmer par la prière et la méditation. Tous les membres de Louisa avaient été épargnés dans sa chute ; d’après sa léthargie, le chirurgien craignit un instant la rupture d’une vertèbre, mais la tête seule avait souffert.

Il devenait absolument nécessaire de prendre un parti pour sauver à M. et M.e Musgrove l’émotion du premier moment ; on était alors en état de se donner mutuellement des avis, des conseils. Malgré la crainte de donner aux Harville l’embarras de garder chez eux la malade, il n’y avait point d’autre parti à prendre ; elle était hors d’état d’être transportée. Ces bons amis prévinrent toute objection ; ils avaient tout arrangé avant qu’on eût eu le temps de réfléchir. Le capitaine Bentick cédait sa chambre à Louisa, et allait cou-