trop ; son caractère adorable, son jugement exquis, une élégance physique et morale qu’elle tenait de sa mère, l’avait rendue la favorite de lady Russel ; cette dame aimait généralement toute la famille, mais Alice seule lui rappelait l’amie qu’elle n’avait cessé de regretter.
Quelques années auparavant, Alice avait été très-jolie, moins par la régularité de ses traits, qui n’égalaient pas ceux de sa sœur aînée, que par beaucoup de fraîcheur et une aimable physionomie ; mais elle avait beaucoup maigri et pâli, et même lorsqu’elle était dans tout son éclat, son père n’avait jamais voulu convenir qu’elle fût bien : des traits fins et délicats, des yeux d’un noir velouté, un teint clair de brune, tout cela n’avait aucun rapport avec lui et avec la belle Elisabeth, et ne pouvait lui plaire : il n’accordait la beauté qu’à des cheveux blonds, de grands yeux bleus, un nez aquilin, des lèvres fines et vermeilles, et une taille bien prise et bien roide, au-dessus de la grandeur ordinaire ; celle d’Alice était moyenne et pleine de grâces qu’elle n’avait pas perdues. Alice, si différente de ce beau modèle, et qui n’avait plus même la fraîcheur de la jeunesse, ne lui paraissait pas