sième. Sans doute elle était très-satisfaite d’être encore aussi belle qu’elle l’eût jamais été ; mais elle voyait s’approcher l’époque dangereuse où la fraîcheur se fane, où la beauté passe ; elle n’aurait pas été fâchée de voir le nom de quelque ancien baronnet à côté du sien dans le livre chéri de sir Walter, qu’elle lisait aussi avec plaisir dans la fleur de sa jeunesse, mais qu’elle commençait à trouver fastidieux. La date du jour de sa naissance et celle du mariage de sa sœur cadette lui étaient devenues insupportables : quand son père, après sa lecture journalière, laissait le livre ouvert sur la table, le premier soin d’Elisabeth était de le fermer, et de le pousser loin d’elle avec une expression d’humeur et de dépit. Une circonstance ajoutait encore à son dégoût pour ce livre : cette ligne écrite par son père, à la fin de l’article de famille, héritier présomptif, William Walter, écuyer, etc., etc., lui perçait le cœur, et non sans raison. Dès sa plus tendre jeunesse, on l’avait habituée à l’idée que cet héritier présomptif à qui la terre de famille était substituée, dans le cas où elle n’aurait point de frère, deviendrait un jour son mari, et sir Walter assurait que les choses ne pouvaient
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