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CHAPITRE II.


Monsieur Shepherd était un avocat adroit, circonspect et flatteur ; quelles que fussent ses vues sur sir Walter, il préférait que ce qu’il y avait de désagréable à lui dire sortît d’une autre bouche que de la sienne ; il se défendit donc de donner le plus léger avis, se référant implicitement à celui de lady Russel, dont l’excellent jugement, le tact parfait, la raison éclairée, l’esprit supérieur, trouveraient certainement le meilleur moyen de remédier aux inconvéniens du moment.

Lady Russel était en effet la personne qui prenait l’intérêt le plus vif et le plus réel à cette affaire, et s’en occupait le plus sérieusement, mais elle avait plus de bon sens que d’esprit ; son jugement, si vanté par l’avocat Shepherd, était bon, mais très-lent, et dans cette occasion elle éprouvait une extrême difficulté à concilier ses principes et ses préjugés. D’un côté, son intégrité stricte, un sens délicat sur l’honneur, lui faisaient sentir