occasions, lady Russel avait voulu l’aider de son jugement et de son expérience, elle avait toujours trouvé une opposition positive. Elisabeth ne voulait faire que ce qui lui plaisait, et le prouva en résistant de la manière la plus marquée lorsqu’il fut question de mistriss Clay, déclarant qu’elle lui plaisait, qu’elle lui convenait, et que personne n’avait le droit de s’opposer à ce qu’elle la reçût. Lady Russel eut donc un double chagrin, et de la résistance opiniâtre d’Elisabeth, et de la voir s’éloigner de la plus aimable, de la plus méritante des sœurs, pour se livrer à une personne qui n’aurait dû être pour elle qu’une simple connaissance et l’objet d’une froide politesse, comme fille de sir Shepherd, employé par son père ; car, sans cette circonstance, la fière Elisabeth, fille aînée de sir Walter Elliot, et mistriss Pénélope Clay, fille d’un avocat, ne se seraient jamais rencontrées.
Lady Russel trouvait dans son aristocratie cette liaison très-inégale pour la naissance, et très-dangereuse par le caractère reconnu de cette femme : un changement de demeure, une distance de plus de cinquante milles devaient nécessairement rompre cette habitude,