de résister à la volonté de sir Walter ; mais à celle de lady Russel de qui elle était si tendrement aimée, dont elle était accoutumée à respecter les opinions, qui joignait à la fermeté avec laquelle elle les énonçait, le plus vif intérêt pour elle et pour son bonheur, elle ne put s’y résoudre, et finit par se persuader qu’il était impossible que lady Russel n’eût pas raison, sans aimer moins Wentworth. Elle crut aussi leur engagement téméraire, imprudent, presque impossible, et promit à son amie de le rompre. Si elle n’avait consulté que son propre avantage, il est au moins douteux qu’elle eût pu s’y résoudre ; mais elle vit dans cette rupture celui de Wentworth, et dès-lors elle ne balança plus : puisque son père ne voulait rien lui donner, abuserait-elle de l’amour de Frederich pour lui faire épouser une femme sans dot, dont la famille le mépriserait, et le repoussait déjà ? Prévenir ce qu’elle regardait comme un malheur pour celui qu’elle aimait, lui parut un devoir, et fut sa seule consolation, en lui disant un dernier adieu, et rien ne lui fut épargné ; elle eut la douleur de voir combien il était blessé de l’orgueil de sir Walter et de la faiblesse d’Alice. Dès qu’il eut reçu
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