son congé, il partit de Sommertshire sans même prendre congé de celle dont il se crut alors bien faiblement aimé.
Il se trompait ; quelques mois avaient vu naître et finir leur liaison ; mais ce court espace laissa des traces ineffaçables dans le cœur sensible d’Alice ; un attachement combattu sans cesse et toujours en vain, des regrets qui s’augmentaient chaque jour au lieu de diminuer, obscurcirent pour elle toutes les jouissances de la jeunesse, et la perte de sa fraîcheur et de sa gaîté fut enfin l’effet du chagrin qui pesait sur son âme. Plus de sept années s’étaient écoulées depuis le départ de Frederich Wentworth, sans qu’on eût entendu parler de lui ; il était oublié de ceux même qui avaient eu part à son malheur, excepté d’Alice, qui cherchait encore dans les papiers-nouvelles tous les articles de la marine, dans l’espoir d’y trouver son nom : le temps cependant et l’absence affaiblirent son sentiment, et peut-être même l’auraient détruit tout-à-fait s’ils avaient eu d’autres auxiliaires, comme le changement de lieux, ou bien une société plus nombreuse ; mais excepté un séjour à Bath chez lady Russel peu de temps après la rupture, séjour qui ne fut marqué pour elle que