et d’aller dans une ville qu’elle détestait, avec des parens à qui elle était au moins indifférente, puisque c’était sa place et son devoir ; mais un autre devoir survint et obtint la préférence. Sa sœur Maria Musgrove était une petite femme très-gâtée, très-nerveuse, croyant se rendre intéressante en affectant une santé très-délicate, et se plaignant sans cesse des maux qu’elle croyait avoir. Dès qu’elle éprouvait la plus petite contrariété, elle avait l’habitude, dans ses momens d’ennui ou de malaise, de réclamer la société de sa bonne sœur Alice, dont elle connaissait l’indulgence et la bonté : elle écrivit donc à Elisabeth pour demander qu’on lui envoyât Alice ; elle se sentait indisposée ; elle était sûre qu’elle n’aurait pas un jour de santé de tout l’automne, et sa sœur lui était absolument nécessaire ; elle suppliait donc, ou plutôt exigeait qu’elle vînt à Uppercross au lieu d’aller à Bath.
« Il m’est impossible de me passer d’Alice, » disait Maria.
Elisabeth lui répondit :
« Prenez et gardez Alice autant que vous le voudrez, personne n’a besoin d’elle à Bath. »
Être demandée avec instance, même avec exigence, vaut mieux encore que d’être re-