CHAPITRE V.
Tout allait bien au gré de lady Russel, lorsqu’elle apprit que l’un des principaux motifs qui l’avait fait insister pour que sir Walter se retirât à Bath avec sa famille, celui de rompre la liaison d’Elisabeth avec mistriss Clay, ne réalisait point son espérance. Elisabeth ayant engagé son amie à l’accompagner pour la guider et l’aider dans l’arrangement de sa maison, lady Russel en fut à-la-fois surprise, affligée, courroucée, indignée : Alice, la propre sœur d’Elisabeth, dont le goût était parfait, avait été repoussée comme n’étant propre à rien, et une étrangère d’une naissance obscure lui était préférée ! cet affront fait à sa favorite aggrava beaucoup la peine que lui donnait cette liaison inconvenante.
Alice, qui était accoutumée aux procédés de sa famille, s’en étonna moins ; mais elle sentit l’imprudence d’un tel arrangement plus vivement même que lady Russel ; elle avait beaucoup plus de tact pour pénétrer dans le