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cœur humain, et connaître à fond ceux avec qui elle vivait ; elle observait avec calme, avec réflexion, et se trompait rarement, d’après le caractère de son père et celui de mistriss Clay ; elle vit le plus grand danger à leur rapprochement journalier, et à l’intimité qui allait s’établir entre sir Walter et la jeune veuve. Il était évident qu’un mariage avec le baronnet était l’unique but de toutes les flatteries de mistriss Clay : jusqu’à ce moment, sir Walter n’avait pas le moindre penchant pour elle, et plaisantait continuellement sur quelques défauts dans l’ensemble de sa figure, qui était bien loin de l’idéal de la beauté que sir Walter exigeait d’une femme et même d’un homme, et qu’il ne trouvait guère que dans son miroir, ou dans les traits de sa fille Elisabeth. Mistriss Clay avait des rousseurs qui gâtaient son teint ; ses dents saines, mais mal rangées, étaient trop en avant ; sa main était grosse, et pas assez blanche : mais elle était jeune ; et, malgré ces petits désavantages, elle avait ce je ne sais quoi, plus dangereux que la beauté : des yeux très-expressifs, un ardent désir de plaire, assez d’adresse dans l’esprit pour en saisir tous les moyens, et pas assez de délicatesse pour ne pas profiter de tous. Déjà sir Walter ne pou-