Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/110

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trer souvent. Henriette, en partant, lui recommanda sa sœur comme à un frère ; elle se fiait plus à lui qu’à Charles, étant plus doux, plus tranquille ; il soigna la convalescence de Louisa avec la sensibilité qui le caractérisait : la faiblesse de la malade la rendait plus intéressante. Wentworth était absent, Bentick toujours là avec ses tendres attentions, et il n’était pas inconsolable. Certainement Alice avait fait impression sur lui ; il avait un de ces cœurs qui ne demandent qu’à se donner : la douleur et les regrets ne pouvaient lui suffire, et l’amour pour un objet animé était dans sa nature. Louisa se trouva sur son chemin ; elle s’attacha à lui par la reconnaissance et par la vanité de bannir de sa pensée le souvenir de cette Fanny tant regrettée. Wentworth riait avec elle, paraissait la préférer, mais ne s’était jamais expliqué clairement ni sur ses intentions, ni sur ses sentimens. Bentick déclara les siens avec tendresse et sincérité, et ne fut pas rebuté. Alice fut convaincue qu’ils seraient heureux ; elle rendrait Bentick plus gai, et il rendrait Louisa plus sensible ; déjà enthousiaste des marins, elle le serait bientôt de Scott et de lord Byron, si elle ne l’était déjà par les lectures que son amant lui avait faites pendant sa maladie.