Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/149

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Alice ne désirait que le bout du banc, pour que Wentworth pût s’approcher ; sa sœur Elisabeth était au moins aussi heureuse qu’elle, appuyée sur le bras de miss Carteret, suivant immédiatement lady Dalrymple ; elle marchait majestueusement, persuadée que tous les regards étaient fixés sur elle pour l’admirer. Alice ne demandait qu’un seul regard, qui aurait été pour elle d’un bien autre prix que les hommages adressés à sa sœur ; mais pourquoi les comparer ? L’une était toute vanité, et l’autre tout sentiment.

On entra dans une salle magnifiquement décorée et éblouissante de lumière ; Alice s’en aperçut à peine, et ses yeux cherchèrent encore celui qui l’occupait uniquement. Jamais elle n’avait été si belle que ce jour-là ; son teint était animé, ses joues avaient le plus doux coloris ; elle ne s’en doutait pas, et n’était occupée que de son dernier entretien avec Wentworth ; elle repassait dans son esprit tout ce qu’il avait dit, se rappelait ses phrases interrompues, ses soupirs étouffés à demi, et l’expression de ses regards, qu’elle connaissait si bien ; tout lui prouve que le cœur de son Frederich est disposé à reprendre ses premiers liens : fierté blessée, colère, ressentiment, soin