Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/150

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de l’éviter, froideur, silence, tout a disparu ; et ce qui a succédé à ces pénibles sentimens est plus que de l’amitié, plus qu’un simple souvenir du passé ; c’est presque le passé lui-même. Un changement si subit, si total, ne pouvait avoir une autre cause ; il est sur le point d’aimer encore celle qu’il aima si passionnément, et qu’il retrouve toujours la même. Ces pensées, cet espoir, l’occupaient trop pour être capable de rien observer : elle traversa la salle sans avoir aperçu Wentworth, sans l’avoir même cherché des yeux ; absent, elle le voyait tel qu’elle voulait qu’il fût, et cela lui suffisait. Cependant, quand elle fut placée, elle ne put s’empêcher de regarder autour d’elle, et jusque dans les parties les plus reculées de la grande salle ; mais il n’y était pas. Le concert commença, et point de Wentworth ; il fallut se contenter de penser à lui et se trouver heureuse ; cependant il y avait un degré de moins de bonheur et de confiance.

Leur société était divisée sur deux bancs contigus : Alice était sur celui en avant ; elle l’avait préféré, parce qu’il y avait au bout une place à côté d’elle, et qu’elle espérait que Wentworth viendrait l’occuper ; elle regardait encore si elle ne l’apercevait point, lorsque