Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/171

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tion de son amie, ne pouvant imaginer comment elle pouvait savoir quelque chose de Wentworth et des sentimens qu’elle lui avait conservés ; lui seul, dans ce moment, se présentait à son idée. Souvent elle avait été tentée d’ouvrir son cœur à madame Smith ; mais elles avaient été séparées si long-temps, il fallait revenir de si loin, et leur intimité interrompue pendant tant d’années n’était pas encore assez renouée pour oser lui faire l’aveu d’un sentiment qui n’était plus partagé ; mais comment le connaissait-elle ? Après un court silence, madame Smith reprit la parole. « Dites-moi, chère Alice, je vous en prie, si M. Elliot sait quelque chose de nos relations. Sait-il que je suis à Bath ?

— M. Elliot ! » répéta Alice avec surprise. Un moment de réflexion lui montra son erreur, en croyant que son amie avait parlé de Wentworth ; elle respira, son secret n’était encore connu que d’elle seule ; et, reprenant alors son courage et toute sa présence d’esprit, elle ajouta avec beaucoup de calme : « Est-ce que vous connaissez M. Elliot ?

— Je l’ai beaucoup connu autrefois, répliqua madame Smith gravement ; mais je crois qu’il m’a oubliée, il y a long-temps que nous ne nous sommes vus.