Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/185

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celui de faire sa fortune d’une manière plus prompte que par l’étude des lois. Il était décidé à chercher une héritière, à lui tourner la tête et à la forcer de l’épouser. Je sais qu’il croyait que les prévenances et les invitations de sir Walter avaient pour but de marier son héritier présomptif avec sa fille aînée, et cette union ne répondait point à ses projets de richesse et d’indépendance. Sir Walter n’avait guère que sa terre, qui devait revenir à son cousin, qu’il fût son gendre ou non : voilà, je puis vous l’assurer, son seul motif ; il me le dit alors ; et quoique votre sœur Elisabeth fût très-belle, elle ne fit nulle impression sur son cœur. Jusqu’à présent je vous avoue que j’avais cru M. Elliot incapable d’un sentiment tendre, son cœur de glace n’en est pas susceptible ; et s’il a vraiment de l’amour pour vous, ce dont je doute encore, c’est un miracle qui vous était réservé ; mais jamais il n’a rien senti pour miss Elisabeth. Je connaissais ses plus secrètes pensées ; et quoique j’y trouvasse bien des choses à blâmer, quoique je fusse fâchée qu’il ne pensât jamais qu’à l’argent, et ne formât d’autre projet de bonheur que d’être riche, je l’excusais : il avait encore deux puissans attraits pour moi ; il était l’ami intime de mon