Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/202

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belle-mère. Je suis bien aise de savoir tout cela : il me sera pénible de me trouver avec M. Elliot ; mais du moins je sais à quoi m’en tenir, ma conduite est tracée. M. Elliot est évidemment un homme faux, intéressé, méchant, qui n’a jamais eu d’autre principe, d’autre guide que son propre intérêt, je le connais assez pour le juger ainsi ; mais cependant je ne sais encore de lui que ce qui concerne ma famille, je voudrais aussi connaître ses torts envers vous, savoir ce qui vous a détachée de lui, puisque ce n’est pas son mariage.

— Ce fut d’abord, répondit madame Smith, sa conduite avec sa femme. Elle ne tarda pas à voir, par ses procédés, qu’il ne l’avait jamais aimée ; il la traitait avec une hauteur révoltante, sans égard pour ses parens, dont il ne parlait qu’avec mépris ; il lui défendait de les voir et ne les voyait jamais lui-même, n’ayant aucune attention, aucune indulgence pour sa jeunesse et son peu d’expérience dans le grand monde, il l’accablait de reproches, d’humiliations. J’ai vu par degrés dépérir cette jeune femme, victime de l’indifférence et de la dureté de son mari. Je lui parlai de ses torts avec la chaleur de l’amitié, il reçut mes remontrances en silence, et ne me donna pas l’occasion