Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/214

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traire, éprouva un frémissement quand il entra et s’approcha d’elle pour lui parler. Elle avait eu toujours l’idée qu’il n’était pas tout-à-fait sincère ; mais à présent elle s’apercevait de sa fausseté dans chaque mot qu’il prononçait. Ses attentions, sa déférence pour sir Walter, contrastaient avec son premier langage, avec le style de ses lettres, et excitaient son aversion : quand elle pensait à sa conduite envers sa femme et madame Smith, elle pouvait à peine supporter sa vue. Elle s’efforça cependant de se contraindre, afin que ce qu’elle éprouvait ne fût pas remarqué de son père ou de sa sœur, ce qui lui eût attiré une remontrance ; tout son désir était de prévenir un éclat ou des questions sur ce sujet, avant d’avoir parlé à lady Russel. Ils étaient tous trop prévenus en faveur de M. Elliot pour qu’elle pût espérer de les ramener seule à son opinion ; mais elle voulait rompre l’espèce d’intimité qui s’était insensiblement établie entre elle et lui, comme parent et ami de la maison : elle se décida donc à être, dès cette première soirée, froide, beaucoup plus froide et plus réservée qu’à l’ordinaire. Il y a toute apparence qu’elle aurait été de même, quand madame Smith ne lui aurait rien appris ; il aurait suffi pour cela de Wentworth et de