Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/226

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à table : « Non, pensait-elle, c’est impossible ; ce serait comme chez eux, et sir Walter Elliot doit vivre plus noblement. Mais comment faire ? Ne pas les inviter serait plus affreux encore ; ce serait manquer à tous les usages. » Il y eut un grand combat entre sa vanité et la convenance, mais la vanité l’emporta, et lui suggéra un mezzo termine qui conciliait tout, et lui sauvait l’horreur de donner un repas si différent de ceux de Kellinch, qui trahirait le secret de leur pénurie actuelle. Elle dit à Maria que les dîners n’étaient plus du tout du bon ton, que c’était bon pour l’hospitalité de campagne et pour rassembler des voisins éloignés ; mais, à la ville, donner un dîner à des femmes serait un manque absolu de goût et de délicatesse ; madame Musgrove n’y voudrait pas venir, et elle aurait raison. Mais, dit-elle, je vous invite tous demain pour la soirée ; ce seront une nouveauté et un régal : la collation, le thé, le jeu, et tout cela dans des salons !… Je suis sûre que mesdames Musgrove n’en ont jamais vu d’aussi brillans : allons, c’est entendu, demain au soir ; je vais faire mes invitations. Lady Dalrymple et sa fille y viendront sûrement ; nous aurons aussi M. Elliot : il faut nous présenter votre cousin, Maria, et plus