Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/237

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n’y aviez été. Je m’amuse fort peu dans les assemblées, et j’aurais été beaucoup plus heureuse dans votre loge ; il vaut donc mieux n’être pas tentée de faire une impolitesse aux personnes qui nous feront l’honneur de venir chez nous, et dont pas une ne m’intéresse. » Sa voix tremblait en disant cela, sentant bien que Wentworth l’entendait, et n’osant observer l’effet que produisaient ces paroles. Il fut convenu qu’on changerait la loge pour le surlendemain. Le capitaine Wentworth ne disait mot ; il s’approcha de la cheminée, et, quelques momens après, il prit sa station à côté d’Alice.

« Si j’ai bien entendu, lui dit-il, vous n’avez pas un goût bien décidé pour les soirées de Bath ? C’est cependant, m’a-t-on dit, un des grands plaisirs de ce jour.

— Ce n’est pas le mien, répondit-elle ; je n’aime pas assez le jeu.

— Oui, je me rappelle en effet que vous ne l’aimiez pas ; mais le temps opère quelquefois de grands changemens dans les goûts.

— Oh ! je ne suis pas du tout changée ! » s’écria Alice du fond de son cœur, sans penser comment cette phrase pouvait être interprétée : elle s’arrêta, et sentit qu’elle rougissait. Il y eut un moment de silence des deux côtés. « En-