Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/265

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occupée de quelques petits arrangemens assez minutieux pour qu’elle eût le temps de lire ; elle s’assit sur la chaise qu’il avait occupée, appuyée sur la même table où il vient de lui écrire cette lettre qu’elle dévore d’abord des yeux, et qu’elle lit ensuite. La voici :

« Je ne puis écouter plus long-temps en silence, je n’ai aucun autre moyen de vous parler ; il faut que vous lisiez encore dans ce cœur qui vous était ouvert, où vous ne trouviez que votre image et mon amour ; vous les y trouverez encore, et ce cœur est toujours le même. Vous percez mon âme, Alice, par ce que vous dites à Harville. Oh ! s’il était vrai, si, en parlant de la constance des femmes, vous pensiez à vous-même ! Je veux écrire, je veux vous entendre, et je suis entre l’agonie et l’espoir. Dites-moi que ce n’est pas trop tard, que je puis retrouver le bien qui me fut arraché ; que ces précieux sentimens ne sont pas anéantis pour toujours : quand je retrouve les mêmes traits gravés pour toujours dans mon âme, ce son de voix qui y pénétrait délicieusement, ces sentimens si nobles, si purs, le cœur seul serait-il changé ? Je l’ai cru quelques ins-