Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/266

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tans, et j’étais bien malheureux ! Mais un rayon d’espoir rentre dans mon âme, chère Alice ; je m’offre encore à vous avec un cœur plus que jamais votre bien, que vous avez presque brisé il y a huit ans, mais qui n’a pu se détacher de vous. Oh ! pourquoi osez-vous insister avec tant de force sur l’inconstance des hommes ? Je suis la preuve du contraire ; malgré mon désir continuel de vous oublier, je n’ai pu y parvenir, et je n’ai jamais aimé que vous. J’ai été injuste, orgueilleux, vindicatif peut-être, mais jamais inconstant ! À Upercross, je voulais me venger de vos refus, de votre froideur, et je ne suis parvenu qu’à vous aimer plus que jamais, sans espoir de pouvoir vous plaire encore ; je n’ai pas même voulu l’essayer : un second refus… Alice, pensez-y bien ! Le premier m’éloigna huit années, le second m’éloignerait à jamais. N’avez-vous pas vu que je n’étais venu à Bath que pour vous ? N’avez-vous pas compris mes vœux, ma jalousie, mes espérances ? Ne tes trompez pas, au nom du ciel ! Je n’aurais pas attendu ces dix mortels jours sans vous offrir entièrement mon cœur, si j’avais lu dans le vôtre comme il me semble que j’y lis à présent,