Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/288

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et nous aussi. » Alice rougit, et lui rendit en silence son serrement de main amical.

Elle était aussi un peu embarrassée avec lady Russel, par le sentiment de ce qu’elle ignorait encore son secret ; elle lui parla peu, et put avoir quelques instans de conversation avec Wentworth ; sous le prétexte de lui faire admirer de beaux vases de plantes rares, elle lui dit à mi-voix :

« J’ai réfléchi sur le passé, mon cher Wentworth ; j’ai voulu juger impartialement entre vous et moi, du moins pour ce qui me regarde, et j’ai vu que j’avais agi comme je le devais, quoique j’en aie beaucoup souffert ; j’ai la conviction que je faisais bien en me laissant guider, à l’âge que j’avais alors, par l’excellente amie qui remplaçait ma mère, et que vous aimerez, j’en suis sûre, quand vous apprendrez à la connaître : ne vous y trompez pas cependant ; je ne veux pas dire qu’elle n’ait pas erré dans ses conseils ; mais mon devoir était de me soumettre à ce qu’elle croyait de bonne foi être le mieux pour moi ; si j’avais agi autrement, croyez que j’aurais plus souffert en me mariant contre le gré de mon amie et de mes parens qu’en cédant à leur volonté, parce que j’aurais eu des remords, au lieu que je n’avais que de