Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il était charmé, dans cette occasion, d’avoir le pas sur elle : Allez, lui dit-il, cela convient, et je pense que de sa part il n’y aura nul obstacle ; dites-lui bien qu’il n’y en a point de la mienne ; qu’elle le veuille ou non, cela sera ; présentez-lui mon entier dévouement : allez, ma chère Alice. »

Jamais encore son père ne l’avait appelée ma chère Alice ; elle n’avait de prix à ses yeux que depuis qu’elle était recherchée par un aussi bel homme : « C’est inconcevable ! disait-il de temps en temps en se promenant et regardant Alice, c’est très-singulier ! »

Elle le laissa à son étonnement, et fut chez lady Russel, qu’elle avait prévenue, la veille, de sa visite. Non sans émotion et sans larmes, elle lui ouvrit son cœur tout entier, et les pleurs de son amie coulèrent à l’idée des longs tourmens de son Alice. Elle l’aimait plus encore que ses opinions, quoiqu’elle y tînt beaucoup, et donna son plein consentement à son union avec celui à qui elle avait donné son cœur depuis si long-temps, et qui avait fait aussi ses preuves de constance. Les vingt-cinq mille livres sterling qu’il avait gagnées par sa bravoure ne gâtèrent rien à ce mariage. M. Elliot fut remis à sa vraie place, et dépouillé de l’es-