Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/296

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cher qu’il ne se remariât ; mais il n’était pas homme à n’avoir qu’une corde à son arc ; son amour pour Alice ne l’empêchait pas de chercher en secret à en inspirer à madame Clay, assez pour être sûr qu’elle n’épouserait pas sir Walter, qui y pensait alors sérieusement, croyant être débarrassé de ses trois filles. Le cousin Elliot, d’après ses calculs, ne devait pas tarder à demander la main d’Elisabeth, celle-ci en était également convaincue ; sa fausse amie, pour cacher son intrigue, le lui avait persuadé : elle fut tirée de son erreur, d’abord par le départ de M. Elliot, qui prétexta des affaires, et par celui de madame Clay, qui les quitta peu de jours après, pour voir, disait-elle, son bon père et ses enfans, et qui alla droit à Londres loger dans la même maison qu’habitait M. Elliot et vivre sous sa protection.

Elisabeth et sir Walter furent indignés, comme ils devaient l’être, de la duplicité des êtres sur lesquels ils comptaient le plus, et qu’ils croyaient s’attacher pour leur vie ; les jouissances du monde et de leurs beaux salons les consolèrent, ainsi que le mépris qu’ils vouèrent à ceux qui les avaient si indignement trompés : ils espérèrent d’ailleurs réparer facilement cette perte.