Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/96

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calmer. Elle s’attendait à cet événement, elle l’avait même désiré comme un moyen de bonheur pour Wentworth. Il l’aurait suivie au tombeau ! répétait-elle. Ah ! qu’elle vive, et qu’elle le rende heureux comme j’aurais tâché qu’il le fût si… si j’avais su l’aimer comme il méritait de l’être, si j’avais eu, comme Louisa, cette fermeté de caractère, cette volonté décidée, qui, je le vois à présent, sont nécessaires quand il s’agit du destin de sa vie. Ah ! sans doute il devait à cette jeune fille le dédommagement de ses souffrances ; mais ont-elles égalé les miennes, et n’est-ce pas lui aussi qui les a causées ? À présent, tout est fini ; souvenir, amour, espoir, vous devez vous effacer de mon cœur ! Ce cruel moment détruit la chimère qui le flattait encore ! Elle s’avoua à elle-même que, tant que Wentworth avait été libre, elle n’avait fait aucun effort pour le bannir de son cœur ; maintenant elle le doit, et sans doute elle y parviendra : le mari de son amie ne l’intéressera plus que comme son ami. De ce moment, elle se résout à l’oublier, cherche à calmer son esprit. Elle prend un livre, fait une promenade, et ne rentre que pour le dîner, assez tranquille en apparence. M. Elliot n’était plus là ; Louisa, le capitaine de la Laco-