Page:Austen - La Nouvelle Emma T1 et 2.djvu/332

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deux, et qu’ils devaient avoir un tête-à-tête en carrosse. Elle n’y eût pas trouvé à redire ; au contraire, elle en aurait été enchantée, sans les soupçons qu’elle avait conçus pendant cette journée : ils se seraient entretenus d’Henriette, et les trois quarts de mille qu’ils auraient à faire ensemble ne lui auraient pas paru longs. Mais à présent elle aurait désiré ne pas se trouver seule avec lui. Elle croyait qu’il avait un peu trop bu du bon vin de M. Weston, et que certainement il dirait quelques sottises.

Pour le contenir le plus qu’elle pourrait, par la conduite qu’elle voulait tenir avec lui, elle se préparait à lui parler avec beaucoup de calme et de gravité, du temps et de la nuit ; mais à peine avait-elle commencé, à peine étaient-ils sortis de la barrière, et avaient joint l’autre voiture, qu’il lui coupa la parole, lui saisit la main, et