veur de ses souvenirs et de sa fidélité à l’objet de son choix, qu’il lui fallait toute sa raison et un vif désir de ne chagriner personne pour ne pas s’abandonner à des regrets capables d’altérer sa santé et de troubler la tranquillité des siens.
— Eh bien, Lizzy, dit un jour Mrs. Bennet, que pensez-vous de cette malheureuse histoire de Jane ? Quant à moi, je suis bien décidée à n’en plus parler à personne ; je le disais encore à votre tante Philips l’autre jour. À ce que j’ai compris, Jane n’a pas vu Mr. Bingley à Londres. Ce jeune homme est vraiment un triste personnage et je crois qu’il n’y a plus de ce côté aucun espoir pour votre sœur. Il n’est pas question de son retour à Netherfield, cet été, m’ont dit les gens qualifiés pour le savoir à qui je l’ai demandé.
— Je ne crois pas qu’il revienne jamais.
— Oh ! qu’il fasse ce qu’il voudra. Personne ne lui demande de revenir. Mais je n’en affirme pas moins qu’il s’est fort mal conduit envers ma fille et qu’à la place de Jane, je ne l’aurais pas supporté. Lorsqu’elle sera morte de chagrin, je suis sûre qu’il regrettera ce qu’il a fait.
Mais Elizabeth, à qui cette perspective ne donnait aucun réconfort, garda le silence.
— Alors, Lizzy, reprit bientôt sa mère, les Collins mènent une existence confortable. C’est bien, c’est très bien ; j’espère seulement que cela durera… Et comment mange-t-on chez eux ? Je suis sûre que Charlotte est une excellente ménagère ; si elle est seulement moitié aussi serrée que sa mère, elle fera d’assez sérieuses économies. Il n’y a rien d’extravagant, je présume, dans leur manière de vivre.
— Non, rien du tout.
— On doit regarder de près à la dépense, croyez-moi. Certes, en voilà qui auront soin de ne pas dépasser leur revenu ! Ils ne connaîtront jamais les embarras d’argent. Tant mieux pour eux ! Je pense qu’ils parlent souvent du jour où, votre père disparu, ils