— Si seulement on pouvait aller à Brighton ! fit Mrs. Bennet.
— Oui, si on le pouvait ! mais papa ne fait rien pour nous être agréable.
— Quelques bains de mer me rendraient la santé pour longtemps.
— Et ma tante Philips est convaincue que cela me ferait aussi le plus grand bien, ajoutait Kitty.
Telles étaient les lamentations qui ne cessaient de résonner à Longbourn. Elizabeth aurait voulu en rire, mais cette idée céda bientôt à un sentiment de honte. Elle sentit de nouveau la justesse des appréciations de Darcy et comprit comme elle ne l’avait point fait encore son intervention dans les projets de son ami.
Mais toutes les sombres idées de Lydia s’envolèrent comme par enchantement lorsqu’elle reçut de Mrs. Forster, la femme du colonel du régiment, une invitation à l’accompagner à Brighton. Cette amie incomparable était une femme toute jeune et tout récemment mariée ; la bonne humeur et l’entrain qui les caractérisaient toutes deux l’avaient vite rapprochée de Lydia. Leurs relations ne dataient que de trois mois et, depuis deux mois déjà, elles étaient sur un pied de grande intimité.
Les transports de Lydia, à cette nouvelle, la joie de sa mère, la jalousie de Kitty ne peuvent se décrire. Lydia, ravie, parcourait la maison en réclamant bruyamment les félicitations de tout le monde, tandis qu’au salon, Kitty exhalait son dépit en termes aussi aigres qu’excessifs.
— Je ne vois pas pourquoi Mrs. Forster ne m’a pas invitée aussi bien que Lydia. J’ai autant de droits qu’elle à être invitée, plus même, puisque je suis son aînée de deux ans.
En vain Elizabeth essayait-elle de la raisonner, et Jane de lui prêcher la résignation.
Elizabeth était si loin de partager la satisfaction de Mrs. Bennet qu’elle considérait cette invitation